Hier, j’ai vécu sans doute le mercredi le plus épuisant depuis longtemps. Une journée de dingue, de vraie dingue.
J’ai utilisé toutes mes armes, en crescendo.
- La douceur d’une voix suave et les yeux de cocker: « mon chéri, stp, arrête d’embêter ta sœur » ;
- Le détournement d’attention (agrée feue super Nanny) : « Tiens, viens voir, au lieu de jouer à lancer des balles de pétanque en mousse au plafond et à défoncer la baraque on va faire un dessin, tu veux ? » ;
- La prise de conscience : « Assieds toi et regarde moi. Tu te rends compte, si ta sœur elle avait pris le bâton dans la tête ou dans le ventre en faisant de la balançoire ??? Et le chat, tu crois pas qu’il aurait eu bobo si tu lui avais crevé un œil avec les ciseaux ? Tu voudrais toi que je te verse un seau d’eau gelée sur la tête avec le froid qu’il fait dehors ?? Tu sais mon cœur, torturer n’est pas jouer! Tu vas pas avoir de copains si tu passes ton temps à tenter de les tuer … »
- La menace physique : « Je vais pas le redire 2 fois. Si tu retapes avec ce club, je vais devoir te montrer comment moi je m’en sers, c’est clair ?» ;
- Le coup de sang : « Bon maintenant tu sais quoi c’est bon. Allez hop ! Dans ta chambre, je ne veux plus te voir pour le moment !!! Quand on sait pas jouer avec les autres, on reste tout seul ! Et si tu sors je ferme à clé tu as bien compris ???» ;
- … la fessée : « Mais c’est pas vrai mais comment t’as fait pour sortir de là ??? Et regarde moi ce bordel !!!! T’as même réussi à ruiner la chambre de ta sœur ??? T’as vidé l’armoire à fringues !!!!!! Et les bouts de PQ partout c’est quoi, et la craie sur les portes là, non mais tu rigoles !!!! Et elle est où la clé maintenant ??? MAIS KESKE T’AS DANS LE CUL AUJOURD’HUI ?????????». Et BAM …
En fin d’après-midi, après la sieste dont j’avais rêvée, et après avoir pleuré ma mère auprès de mes amis à compter de 11h30 sur mon mur FB (merci les filles et les gars pour votre soutien inconditionnel), j’ai fondu un plomb.
Mais où j’ai faux ? Je peux faire quoi là ? Comment je peux me mettre dans des états pareils pour finir… Désarmée, la fille… saoulée, gavée, écœurée de faire subir aux 2 autres mes crises de nerfs alors que eux aussi, depuis le matin, ils en prenaient plein la tronche par J2, l’Attila en pyj canard tout mignon mignon mignon ...
Comme si ça ne suffisait pas, ma Grande est arrivée avec une myriade de peintures toutes plus gaies et colorées les unes que les autres, et elle m’a dit en se jetant dans mes bras: « Tiens, Maman que j’aime, j’espère que ça te fera plaisir et que comme ça tu vas arrêter d’être furieuse ? J’ai une belle surprise pour toi, je vais ranger les jouets là-haut… »
Putain ça pique………………………………………………………
Ma fille, mon cœur, mon ange, mon dieu qu’elle a grandi. Mon dieu qu’elle est fragile, aussi, rappelle toi, elle n’a pas 7 ans, les gars à peine 3. Ressaisis toi ma vieille, prends les choses en mains…
Je l’ai serrée, très fort, et je lui ai dit entre autres choses: «Tu sais ma chérie, c’est pas ta faute tout ça. Maman tourne un peu dingo avec ton frère en ce moment, parce qu’elle ne sait plus trop comment faire. Et puis tu me connais, je m’énerve trop, c’est nul et je suis désolée. »
Elle m’a répondu en me serrant plus fort encore: « Oui maman, je sais. Je t’ai dit ce matin, on a qu’à le vendre ??! » Et elle a ri, pendant que, subjuguée par toutes ces émotions contradictoires, j’étouffais un sanglot mêlé de joie, d’amour, de honte et d’épuisement dans le creux de sa petite épaule.
Se remettre en question… n’est-ce-pas la quintessence de la condition parentale ? Etre ce que l’on est oui peut-être, mais se poser, se livrer à une petite introspection de temps à autre et en sortir meilleur, c’est mieux, me suis-je dite alors …
J’ai vidé mon sac avec papa le soir, et on se les est posées, les questions.
Pourquoi J2 il s’assoit jamais ? Pourquoi il tape ? Pourquoi il veut toujours gagner, ouvrir la porte en premier, éteindre la télé, mettre son slip et ses chaussettes plus vite que les autres ? Il est calin pourtant J2, à ses heures, et on voit bien qu’il cherche sans cesse un signe de fierté de notre part.
On va pas crier de suite à l’hyperactivité. On s’est rappelé un article récent à ce propos, dans le magazine de la CAF, qu’on avait lu pour une fois :
« Il est normal qu’un petit enfant soit agité. Il est habité par des pulsions de vie très fortes qui le poussent à explorer et à découvrir. Il ressent également des angoisses liées à son développement et à sa vie, qu’il a besoin d’extérioriser : et pour l’instant, il ne sait les évacuer qu’en bougeant et en s’agitant ».
Et si juste on s’y prenait comme des manches ??
Est-ce que nous on est des gens calmes et posés? Râteau.
Est-ce qu’on prend VRAIMENT le temps de se consacrer à chacun comme il en a besoin au moins une fois dans la journée, de se mettre dans un coin et de discuter au calme? Râteau.
Quand on gueule « tain encore une baltringue » après un bad beat au Poker en ligne ou qu’on flingue la manette de la PS2 de rage contre le niveau foiré, est-ce qu’on montre le bon exemple ?... Encore râteau.
« Fais ce que je dis, pas ce que je fais ». Une éducation pétrie de bons sentiments dans l’absolu, mais engluée dans nos petits travers d’humains vulnérables et misérables, dans le feu de l’action et le stress pourri de notre quotidien. Et à notre décharge aussi, par toutes ces nuits sans sommeil ...
Bah ouais, les enfants sont des éponges. Plus loin que le discours et les consignes, ils dissèquent, subissent et reflètent dans leur propre comportement l’absurdité de nos actes manqués.
Changer c’est dur. Nous aussi des souvenirs d’enfance qui ont fait mal on en a. Tous. Justement.
Pas question après toute cette réflexion sur soi d’envoyer tout le monde au pieu dans cette angoisse de l’erreur.
Tant pis ma vieille si t’es à la ramasse depuis ce matin, que t’en as ras la foune de cette journée à nettoyer, réparer, ranger, … gueuler … Ok toi aussi t’as droit à l’erreur, mais t’as aussi le droit de l’admettre.
J’ai discuté avec chacun de mes enfants, un par un, parlé de tout et de rien, chanté et ri après un dernier coup de fil pédestre dans le lit de mon J2 (voir SAV 2010 je vais pas m’afficher 2 fois…).
Et surtout je n’ai pas oublié de leur dire à chacun que je suis pas toujours la maman tendre et posée que je voudrais être, que je suis fière de chacun d’entre eux et que même si je gronde et que je crie, je les aime. Sans conditions (euh, enfin presque…).
Je suis déjà récompensée.
D’une mon J2 a bien voulu rester dans son lit sans en sortir, et ce à compter de 21h pétantes et avec une porte laissée entrouverte pour la lumière. De 2 ma fille m’a gratifiée du plus beau et du plus sincère des « je t’aime maman » après une lecture parfaite et fluide de sa page de devoirs. De 3, mon J1 m’a dit aussi, derrière les plus sérieux des sourcils froncés, les poings plantés sur les hanches, une des plus belles autres choses qu’un fils puisse dire à sa maman sans maquillage, sans coiffure et en jogging (je vous épargne le méga spot de la joue gauche) : « Maman, tu es TRES belle, d’accord !! Et je t’aime Maman. »
MAIS AIIIIIIIII-LLLLLLLLLLLLLLLEEEEEEEEEEEEEEEEEEEE !!!
Ils sont forts, mes mioches…
Grâce à tout ça, j’ai pu me glisser dans un sommeil apaisé, tout comme eux, rassurés qu’on était sur l’Amour que l’on se porte tous, malgré nos failles et nos faiblesses. Je sais que je ne serai jamais patiente, posée, en gros parfaite. Je sais qu’il me faudra un jour accepter qu’ils me détestent quand même pour une raison ou pour une autre, et que j’aurai surement droit à quelques bras d’honneur dans mon dos ou à quelques doigts bien choisis déroulés plus ou moins discrètement sous la table au dîner ... (euh, non je l’ai jamais fait pourquoi ??)
Mais après ce soir, va savoir pourquoi ce soir mais c’est ce soir, et même si j’ai déjà bloggé avant-hier, et même si je vais surement pas m’arrêter de gueuler, je sens que je suis à un tournant de mon existence de mère, j’ose même dire d’adulte. Je suis prête …
La GAF, qui s'accroche.
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