Evidemment... J’ai 2/3 petites choses (toujours rétrospectivement) rigolotes à vous faire partager de ces 2 semaines de wacances scolaires.
J’ai pas eu le courage d’attaquer de suite. J’ai savouré quelques journées de calme, avec du soleil même, comme pour faire la nique au « notre de pique-nique » forcé dans le salon samedi, alors que la pluie battait les carreaux. A vous dégouter de vous arracher pour organiser des trucs !
Papa avait habillé tout le monde, chaussé les bottes, épaulé la fourche, et manœuvré une folle et fructueuse chasse aux vers pendant une bonne heure dans le jardin. Puis il avait chargé la troupe en voiture, été cherché du pain et du matos à sandwich, tout ça pour arriver dans la cour le sourire démonté, une méga averse dans la tronche, et toujours dans l’envie de croire que oui oui bien sur on allait y aller quand même, pique-niquer , après tous ces efforts déployés … DECEPTION !!! C’était l’ouverture de la pêche, et il a fallu le faire redescendre pour le dissuader.
«T’es prête ? » ; « Non mais tu rigoles je vais pas pique-niquer moi là … »
Bon, c’était facile et rapide comme descente. La perspective de bouffer dans la boue avec des gouttes dans l’œil et des gamins probablement pas fascinés par un bouchon qui flotte, c’était un peu comme de croire que c’est drôle de se planter un clou dans le pied…
Le plus dur finalement, c’était de l’annoncer aux enfants. Pas évident puisque la pêche c’était le fil rouge de la matinée « si t’es pas sage, on n’ira pas, à la pêche ! », et donc dans ce cas, annulation=punition !
On a tranché. Eux ils ont été raisonnables et ils ont bien fini par admettre que « manger sous la pluie c’est nul », donc nous on a été cools, et on a déballé le panier à pique-nique par terre sur la couverture, dans la salle à manger, et promis un report de la partie de cannes en l’air pour le lendemain. LEUR souvenir des vacances … (c’était pourtant facile einh ?)
Ouf…
C’est le seul mot qui me vient après ces 2 dernières semaines en face à face avec EUX.
Les enfants…
J’ai toujours une grande appréhension avant ces périodes ou le 24/24 reprend, dans le souvenir de la vie de folle qu’ils m’ont faite passer ces 3 dernières années.
La barre est haute. Ma mission, puisque je l’ai acceptée (« si kon sait pas s’en occuper, fo pas en faire ! », m’a dit un jour une conseillère de la CAF) et que j’ai vite oublié l’idée d’être aussi une battante ambitieuse, ponctuelle et productive dans un boulot « socialement respectable » sans dormir la nuit (putain de gourde), c’est au moins que ça tourne carré à la maison : « votre nouveau travail sera d’être une mère aimante et dévouée, une femme d’intérieur irréprochable et une amante rigolote et sexy (tant qu’à faire). »
Surtout que je suis ni la première ni la dernière à en avoir, des mômes. C’est quand même pas si compliqué… une machine à laver, le lave-vaisselle, le sèche linge, des couches jetables, des lingettes, la VPC … sans même avoir à courir sous les bombes, le placenta à peine éjecté, pour trouver à bouffer !
Y’a pas à regarder bien loin, en plus, pour trouver des femmes aussi formidables que ma grand-mère : des qui comme vous veulent des enfants mais qui peuvent pas, des qui se démerdent toute seule avec un ou plusieurs moutards pour avoir perdu leur mari , par décès ou par désertion, des qui luttent contre un cancer multirécidiviste avec une dignité hors du commun, des qui assistent des personnes en fin de vie, dans leur travail ou leur vie privée (parfois même leur propre enfant), des qu’ont déjà 10 mômes et qui trouvent encore du temps pour aller bosser sur des chantiers du cœur … Putain de saintes ! :)
Et tout ça, comme je l’ai encore entendu hier soir, c’est arrivé près de chez vous …
Sans avoir non plus ni l’ambition ni la force de leur ressembler, à ces femmes admirables, autant dire que ça ne pousse pas trop non plus à conforter mon estime du moi-même de ces 3 dernières années …
Mais je travaille à la reconstruire, et je constate avec bonheur (et le mot est faible), que je prends enfin du plaisir à passer du temps avec mes enfants, aussi turbulents soient t-ils. Je me contente des petites victoires simples, comme celle d’avoir retrouvé l’énergie de faire des choses en dehors de la maison avec eux. Des trucs tout cons on s’entend.
Comme aller au fast-food, les regarder dévorer des frites rapidos pour passer enfin inlassablement dans le hublot du toboggan rouge et me faire des coucous souriants.
Au parc faire du vélo, et se taper des crises de rire de fou en voyant ma fille se balancer dans un arbre, un banc, ou dans le fond de l’abribus en m’adressant un « ça va bien maman j’ai pas mal !!! », en attendant de trouver comment s’arrêter.
Ou comme de savourer le bonheur de pouvoir les lâcher 3 heures dans un parc géant surveillé, avec le luxe de prendre le temps de se faire chier à siroter un café dans un coin et de réfléchir peinard (ou pas), avec la fierté de voir ma petite tribu débarquer de temps à autre en coup de vent pour voir si je suis bien là à l’attendre, avec un paquet de gâteaux, de bonbons, ou mieux, un câlin!
J’ai même réussi à me faire marrer moi-même, au moment où il a fallu récupérer les 3 au beau milieu des filets de singe dans un truc de 400m2 sur 2 étages. T’en mets un là le temps de choper l’autre, et quand tu reviens, le 1er s’est barré. Ouais classique. J’ai fini par faire le 3° tour de bloc avec un juju sur l’épaule et en trainant le 2° par la manche - le temps de trouver la grande et de la dissuader de faire une dernière petite fois un tour de je sais pas quoi - puisque bien sur il voulait pas me donner la main, tout ça sous une centaine de paires d’yeux de parents forcément morts de rire à me regarder galérer. Mais à mon arrivée en sueur au vestiaire, et après 20mns de route pour la maison dans un silence intersidéral, je me réjouissais secrètement de savoir que la nuit serait bonne (héhéhé….).
Et puis le fait est que c’était chouette aussi de pouvoir aller passer quelques jours chez papi et mamie, et de transporter un peu de bordel et d’agitation en dehors de nos frontières habituelles.
Grâce à J2, on a failli paumer 3 fois le congel de mamie. Il était tellement obsédé par le tableau électrique du dessous de l’escalier (planqué et fermé quand même donc), qu’il s’en est même levé plus tôt que tout le monde un matin pour être bien sur qu’il avait tout éteint là-dedans. Heureusement mamie avait détecté la manie la première fois lors d’une descente à la cave à tâtons pour prendre une bouteille de pif pour le midi (y’avait que mamie pour pas se paumer dans sa cave et nous trouver la bonne bouteille DANS LE NOIR ! J), alors que la nuit n’avait pas suffi à tout dégeler. Du coup on avait eu les autres tentatives à l’œil et manifestement on a bien fait…
Bon, ils ont été plutôt cools, sinon, à partir du moment où ils étaient occupés et assez d’accord sur les jeux pour pas se mettre une peignée « de mecs » (J2 a fait saigner son frère du nez hier en lui mettant un bourre-pif). Je surveille ça de près sans trop intervenir pour le moment, parait que c’est normal, ça. Une de mères de l’APEL m’a confiée récemment qu’elle avait une amie dont les jujus (des monozygotes), se haïssaient tellement qu’il avait même fallu les mettre chacun dans une école différente pour ne pas qu’ils s’entre-tuent… l’enfer…
L’avantage chez moi c’est vrai, c’est qu’ils n’ont pas à « supporter » leur reflet en permanence, et que l’on entend un peu moins le fameux « c’est des jumeaux ? », qui même s’il part dune bonne intention, nous donne parfois envie de vomir une réponse du style « non (connasse), c’est des triplés mais j’en ai encore un dans le four », voire de coller un pain à la débile qui insiste « et ils sont nés le même jour ? » « ^^ … »
Plus facile d’exister en tant qu’individu, tant pour eux que pour ma Grande.
D’ailleurs on sent bien qu’elle est sur son chemin, la Grande.
Plus sure d’elle, coquette, maline, avec une petite rébellion croissante (pour l’instant encore maitrisable).
Pour lui (et se) faire plaisir, on essaie de profiter des visites chez papi et mamie pour se balader un peu tous les 3, juste pour pouvoir discuter avec elle, et faire les magasins sans courir après 3 mini-drapeaux superU pour finir par confisquer les caddies une fois que la partie de stock-cars a assez duré (et que j’ai les deux talons d’Achille niqués).
Pour qu’elle se fasse un trip de fille, on l’a laissée choisir des bottines qui font du bruit (traduisez avec des talons). Papa a cédé pour un collier papillon en parfait toc, et moi pour une montre en plastique rose qui dit l’heure en chiffres, et un sac de méga billes. J’ai du dire non quand elle est arrivée avec un string rouge à la main : « Non c’est pas du six ans. C’est le prix chérie, 6€ tu vois? ». Nan quand même je suis pas prête (elle non plus il me semble…). Elle était vachement déçue, c’est sur, et j’ai du résister pour ne pas craquer et lui dire ironiquement qu’elle avait bien le temps de se demander comment elle vivrait une journée entière avec une ficelle dans leeeeee … (je vais mieux einh ?!)
Après tous ces « efforts » pour lui faire plaisir, c’est vrai que le soir on a été hyper déçus nous aussi quand on s’est aperçu qu’elle avait quand même réussi à chourer 2 pauvres bagouzes que je lui avais déjà dit de reposer après l’avoir gaulée à les glisser dans sa poche au magasin. Le point positif, c’est qu’elle était venue nous les montrer d’elle-même.
On a donc décidé après une (grosse) discussion, qu’on ne lui infligerait surement pas l’humiliation d’aller rendre de la merde à 2€ à un magasin déjà millionnaire, mais on lui a expliqué que quand on fait une bêtise on la paie si on se fait piquer, et que donc si on prend le risque de la faire, on prend le risque d’être puni (voire embarqué par des policiers pas forcément sympas de nos jours). Fallait marquer le coup...
Les bagues étaient donc définitivement confisquées et imaginairement ramenées au magasin par Mamie ; quant au collier et à la montre, ils attendent une occasion pour être re-offerts. Mais on a bien insisté sur le fait qu’on était hyper contents qu’elle vienne nous le dire, dans l’espoir qu’elle en ferait de même pour des conneries bien plus graves, plus tard …
Ca n’a pas forcément fonctionné, puisque les jours qui ont suivi, elle a nié avoir essayé de défoncer le plafond de mamie avec les billes dénichées avec maman (grosses comme des balles de ping-pong), avec ses frères, la table basse et la télé dessous. Nié également qu’elle s’était amusée a découper tout ce que ses frères aiment dans leur doudou respectif : les étiquettes …et surement pas avoué qu’elle avait fini de se servir de la paire de ciseaux pour faire une petite coupe à J1, dont j’ai retrouvé quelques mèches bien éparpillées dans le salon.
Bon, encore rien de trop grave là-dedans …
Pis encore une fois, ça nous aura fait du bien de faire un tour (merci mamie), et de rentrer plus sereins à la maison, même si on en avait oublié le chat à l’intérieur en partant, et qu’avant de descendre les bagages, il a fallu débarrasser les restes de 2 rouleaux de sopalin déchiquetés, vider une caisse archi puante de 5 jours, et nettoyer en urgence le sac de foot de papa et toutes les affaires dedans qui puaient la pisse féline (bien fait pour les puputes à papa ! :) )
Sans oublier qu’il avait la dalle, le greffier, sans pourtant réaliser le bol qu’il avait eu de pas finir desséché comme les croquettes que papa avait eu l’éclair de génie de laisser dans la cuisine au moment du départ, pour le cas où il serait justement resté à l’intérieur vu qu’on le trouvait nulle part…
Bref, les vacances sont finies, et je suis heureuse de constater que ça s’est bien passé, globalement.
Qu’avec des nuits presque pleines, je reprends petit à petit du terrain sur mon moral, mon entrain, et ma motivation. J’ai entendu justement ce midi aux infos que le manque de sommeil entrainerait chez tout individu un état physique proche d’un alcoolique ayant ingéré l’équivalent d’un gramme d’alcool. Pas étonnant que j’aie parfois l’impression d’émerger d’une cuite géante qui aura duré 3 ans, dans une nausée persisante, entrecoupée de quelques délirium tremens, puis de violentes crises de conscience, écrasée davantage encore par le poids de la culpabilité de vouloir fuir mes responsabilités, en me disant que j’étais tellement nase, crevée, irritable, insupportable, qu’après tout mon mari et mes enfants seraient mieux sans moi qu’avec…
J’ai pas tout réglé (oui je l'ai déjà dit et je le redirai!), je suis toujours pas une sainte (et c’est non plus pas encore pour tout de suite), j’ai pas pu toucher au boulot perso pendant deux semaines (et c’est achement dur de s’y remettre) mais pour un peu que je m’en laisse le temps, je vais y arriver, einh oui ???
Allez, si j’étais bourrée et que réalisais pas encore assez la chance que j’ai d’être là plutôt qu’au Japon, en Lybie, en Haïti ou tout autre nombreux endroit où ça craint assez comme ça (même tout près de chez moi), je dirais vivement les prochaines vacances !!!!!!!!!!!
La Gaf (hic!)
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